23-07-2025
Une « famine de masse » se propage à Gaza, alertent une centaine d'ONG
La situation humanitaire est au-delà de l'urgence dans la bande de Gaza. Plus d'une centaine d'organisations humanitaires avertissent ce mercredi qu'une « famine de masse » se propage dans
cette enclave dévastée par la guerre
. Israël fait face à
une pression internationale croissante
concernant Gaza. Il a très partiellement assoupli fin mai un blocus total imposé début mars et qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture, de médicaments et d'autres biens de première nécessité.
Mardi, un hôpital de Gaza a cependant affirmé que 21 enfants sont morts de malnutrition ou de faim en 72 heures dans le territoire assiégé, ravagé par plus de 21 mois de guerre, déclenchée par une attaque du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël.
« Alors qu'une famine de masse se propage dans la bande de Gaza, nos collègues et les personnes que nous aidons dépérissent », indiquent des ONG (organisations non gouvernementales), dont Médecins sans frontières, plusieurs branches de Médecins du monde et Caritas, Amnesty international, ou encore Oxfam international. Elles appellent à un cessez-le-feu immédiat, à l'ouverture de tous les points de passage terrestres et à la libre circulation de l'aide humanitaire.
Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU (Organisation des Nations unies) a accusé l'armée israélienne d'avoir tué à Gaza depuis fin mai plus de 1000 personnes qui cherchaient à obtenir de l'aide humanitaire, dont la grande majorité près de centres de
la Fondation humanitaire de Gaza
(GHF). Cette organisation soutenue par les États-Unis et Israël organise des distributions alimentaires et son financement est opaque.
Israël accuse de son côté le mouvement islamiste Hamas d'exploiter la souffrance des civils, notamment en volant la nourriture distribuée pour la revendre à des prix exorbitants ou en tirant sur les personnes qui attendent l'aide. La GHF fait elle aussi porter la responsabilité de la situation humanitaire sur le Hamas.
Les autorités israéliennes affirment régulièrement laisser passer des quantités importantes d'aide, mais les ONG dénoncent de nombreuses restrictions. « Juste à l'extérieur de Gaza, et même à l'intérieur, dans des entrepôts, des tonnes de nourriture, d'eau potable, de fournitures médicales, de matériel d'hébergement et de carburant restent inutilisées, les organisations humanitaires étant empêchées d'y accéder ou de les livrer », indiquent les organisations humanitaires.
Mardi, le patron de l'ONU, Antonio Guterres a parlé d'« horreur » pour décrire la situation, « avec un niveau de mort et de destruction sans équivalent dans l'histoire récente ». « La malnutrition explose. La famine frappe à toutes les portes. » À l'hôpital Nasser (sud de Gaza), des images de l'AFP (Agence France presse) ont montré des parents pleurant sur la dépouille de leur fils de 14 ans, Abdel Jawad al-Ghalban, mort de faim, dont le corps squelettique venait d'être enveloppé dans un sac mortuaire blanc.
Dans ce contexte, l'émissaire américain Steve Witkoff se rend cette semaine pour une destination européenne non dévoilée, selon des responsables américains sous couvert d'anonymat, qui ont précisé qu'il pourrait se rendre ensuite au Moyen-Orient. Selon la porte-parole du département d'État, le ministère américain des Affaires étrangères, son objectif est de parvenir à « un nouveau cessez-le-feu, ainsi qu'à un corridor humanitaire pour l'acheminement de l'aide ».
Après plus de 21 mois de guerre, Israël continue de bombarder au quotidien le territoire situé à sa frontière sud et où le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis, l'Union européenne et Israël, a pris le pouvoir en 2007. Les dernières négociations indirectes entre Israël et le Hamas en vue d'une trêve n'ont pas enregistré de progrès.
Israël dit vouloir libérer les otages, chasser le Hamas de Gaza et prendre le contrôle du territoire. Le Hamas réclame le retrait israélien de Gaza, l'entrée d'importantes aides et l'arrêt définitif de la guerre.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné, côté israélien, la mort de 1219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours otages, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée. En riposte, Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une campagne militaire qui a coûté la vie à près de 60 000 personnes au moins, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.